Cédric Marchetti : « Passer de la D2 à la R2, c’était beau »

Entraîneur charismatique de l’équipe fanion pendant sept ans, Marchett’ a hissé le club du district jusqu’en R2 et joué la finale de la Coupe Jonte à Bonal en 2014. Dix ans plus tard, il garde toujours un œil attentif sur son ancienne équipe.


ASDAM : À quel âge es-tu arrivé à l’ASDAM ?

CM : Je suis arrivé en 2008 à l’âge de 26 ans en tant que salarié pour le club. J’avais en charge une équipe de jeunes. À l’époque, le département avait mis en place des postes d’éducateurs sportifs qui étaient mutualisés sur plusieurs clubs. J’étais à Chèvremont (1/4 de temps) et à l’ASDAM (3/4). Je ne connaissais pas du tout le club sachant que je ne suis pas du Territoire à la base mais plutôt du côté de Montbéliard. Je travaillais déjà dans le milieu du foot au Montbéliard FC (anciennement les Algériens de Montbéliard). J’aidais les bénévoles en tant que directeur technique. Au début, j’avais les 15 ans puis j’ai eu ensuite toutes les catégories de formation (17 et 19 ans).

Quels sont tes souvenirs de ces premières années ?

C’était de belles années. Quand tu fais ce qui est ta passion de toute façon… Les équipes de jeunes tournaient bien. D’ailleurs, il y en a pas mal que j’ai retrouvé après en Seniors. On jouait souvent la montée et j’ai vécu plusieurs finales de coupe. C’était sympa. On avait aussi fait des tournois dans le Sud que des dirigeants nous avaient dégotés. L’âme de l’ASDAM, c’est-à-dire un club familial où il fait bon vivre, était déjà là. Des bons souvenirs.

Quels sont les jeunes que tu as retrouvés en seniors ?

Il y en a un paquet ! (rires) Trois-quarts des joueurs que j’ai eu en jeunes m’ont suivi en première. Bon, tous ne sont peut-être plus en A maintenant… (sourire). Il y a Valentin Delitot (même s’il a fait un aller-retour à l’ASMB), Pierre Lazare, Nainain Gester, Kevin Maggi, Rémy Cuisance, Léo Plichon, Quentin Kermarrec… Celui que j’ai eu le plus est Pierre Lazare car il est toujours resté à l’ASDAM. Je ne les ais plus tous en tête. Mais j’ai eu plusieurs générations en tout.

Comment t’es-tu retrouvé entraîneur de l’équipe première ?

Après plusieurs années à Abbévillers, j’ai signé une année comme joueur à l’ASDAM. Et en fin de saison, l’entraîneur en place (Thierry Roy) est finalement parti à la dernière minute alors que les dirigeants lui avaient maintenu leur confiance. Le contexte était compliqué : l’équipe senior qui descendait en 2e division contrastait avec les équipes de jeunes qui marchaient bien. Cela s’est fait à l’arrache, ils m’ont demandé si je voulais reprendre et j’ai accepté. J’avais eu des bons résultats avec les jeunes, certains joueurs me poussaient pour y aller et ça pouvait être un nouveau challenge car je n’avais jamais entraîné des séniors jusque-là. J’avais 30 ans. C’est une décision qui a un peu stoppé ma carrière de joueur du coup (rires). Mais je me suis dit : “J’essaye et on verra”. Ma jeunesse n’a pas été un frein car j’avais les diplômes et j’étais responsable technique du club. La crainte pouvait venir du fait que j’allais coacher des joueurs avec qui je jouais juste avant. Mais de ce côté-là, ça a été clair dès le début. Et en deuxième division, on repartait de zéro. Certains jeunes, en désaccord avec la politique des séniors, sont revenus lorsque j’ai pris le poste donc ça m’a aidé aussi. De plus, on voulait mettre fin à l’incohérence de l’ASDAM qui était un des meilleurs clubs en jeunes mais qui avait des résultats pauvres en séniors. On se disait que ce n’était pas possible, il fallait que ça change.

La mayonnaise a-t-elle pris tout de suite ?

Dès la première année, on finit premiers ex-aeco mais on rate la montée au goal-average. Et c’est aussi l’année où l’on fait une finale de Coupe Jonte au stade Bonal (2014). Ces résultats ont tout de suite amené une bonne ambiance. J’essayais d’apporter ma vision du football amateur : c’est bien de jouer à un bon niveau mais la bonne ambiance est primordiale. On s’interrogeait sur la création d’une équipe B ou non et aujourd’hui, il y a trois voire quatre équipes. Donc c’est une petite fierté d’avoir su attirer du monde – non pas pour l’argent car il y en avait pas – mais pour cet état d’esprit.

Quel souvenir gardes-tu de l’épopée en Coupe Jonte malgré la défaite sèche en finale (0-3) ?

Déjà, c’était rare qu’une équipe de deuxième division arrive à se hisser jusqu’en finale. On avait quand même sorti des équipes de R3 qui participaient encore à l’époque. On avait aussi fait un beau parcours en coupe de Franche-Comté où l’ASMB nous avait sorti (0-1). Honnêtement, quand on construisait l’équipe en début de saison, beaucoup de gens autour du club pensaient qu’on allait couler et que tout le monde allait partir. Mais j’ai eu l’avantage de pouvoir m’appuyer quand même sur une ossature de joueurs de bon niveau en 1re division. Et la mayonnaise a bien pris avec les jeunes que j’avais avant qui se sont intégrés au groupe. Perdre une finale, ce n’est jamais bien. Mais avec tout le contexte, on était quand même satisfait d’aller jusque-là. Et l’équipe en face était plus forte que nous, il faut être honnête. Sur le match en lui-même, 3-0 était peut-être un peu sévère alors qu’un penalty pour nous n’avait pas été sifflé (à 1-0). Ce sont des petits détails mais la logique avait été respectée.

Comment avez-vous fait pour enchaîner trois montées consécutives ?

Honnêtement, je le sentais. Ma philosophie de jeu était de jouer au foot mais difficilement applicable en deuxième division où l’on rencontrait des équipes rugueuses sur des surfaces pas toujours idéales. Mais ça eu le mérite de préparer l’avenir. On a mis trois saisons pour se sortir de la D2 et après on a enchaîné avec ces qualités-là. Les dirigeants et autres entraîneurs étaient sceptiques. Ils pensaient qu’en D2, on ne devait que balancer le ballon et qu’on s’exposait à des buts en profondeur. J’ai dit : “on apprendra”. Et lorsqu’on est monté, on était déjà prêts. Je voyais le potentiel de l’équipe. Après, il faut être honnête, on a eu un peu de réussite également. Mais une fois les bases acquises et la bonne ambiance dans le groupe, c’était parti.

Avec Gigi, tu as mis en place les fameux “séjours d’oxygénation” ou mises au vert….

Ça correspondait à ma démarche que je décrivais juste avant. La convivialité est hyper importante. Bizarrement, les montées correspondent aux années où on a commencé à mettre ça en place. Ça apporte de la cohésion entre les anciens et les plus jeunes qui n’ont pas la même façon de vivre et de s’entraîner habituellement. Se retrouver tous ensemble lors d’un week-end permettait de mieux se connaître et c’était bénéfique ensuite pour le groupe. On a changé d’endroit tous les ans. C’est moi qui m’occupait d’organiser ce mini-stage en regardant ce qu’on pouvait visiter, les activités possibles à faire. Ça a plutôt bien marché. Il était ouvert à tout le monde et pas seulement au groupe de la première équipe. La concurrence et ces moments-là apportaient une certaine émulation.

« Bizarrement, les montées correspondent aux années où on a commencé à faire les mises au vert… »

J’ai d’ailleurs une anecdote lors du premier rassemblement. À Nans-Sous-Sainte-Anne (dans le Haut-Doubs) au terme d’une soirée arrosée, certains joueurs étaient sortis dans la nuit et avaient trouvé une statuette en bois. Elle appartenait à un domaine privé et représentait l’ange Gabriel. Et nous ce genre de trucs, tu vois bien… (rires). Ils ont décidé de la ramener au gîte mais l’ont fait tomber en chemin et elle s’est cassée. Les gendarmes ont débarqué le lendemain : le propriétaire qui était artiste en quelque sorte, voulait porter plainte. Ça nous a coûté un peu cher : il voulait 1 000 € pour sa statue (sic). Les joueurs ont dû cotiser pour payer cette bêtise. Ça ne partait pas d’une mauvaise intention à la base mais voilà… Certains des auteurs sont d’ailleurs encore au club : Dylan Grisez, Sébastien Tamagne, Jules Brion pour ne pas les citer (rires)… toute une équipe qui étaient parti pour faire un cache-cache au départ… Sur le coup, ça avait mis un peu un froid puis une semaine après, on en a rigolé.

Quelles raisons t’ont poussé à arrêter d’entraîner l’équipe A en 2020 ?

C’était personnel. Cela faisait huit ans que j’entraînais. Les joueurs commençaient à s’habituer et une petite lassitude s’est installée de mon côté. J’avais en effet des projets personnels avec l’arrivée d’un enfant et la construction d’une maison. Je ne pouvais plus m’investir à fond. Je voulais déjà arrêter en 2019. Mais comme on n’avait trouvé personne pour me succéder et que mon projet de maison était reporté, j’ai rempilé en disant bien cette fois-ci que c’était ma dernière saison. Je connaissais un peu Antoine (Cassani) donc je l’ai contacté. Il était intéressé et c’était un ancien de l’ASDAM. Donc il avait un peu le même profil que moi au niveau du club. Mon meilleur souvenir ? C’est dur de choisir… mais forcément la montée en R2 car quand tu te retournes et que tu te dis que t’es parti de la D2 pour finir là six ans après…c’est un sentiment agréable.

Que deviens-tu depuis ton départ ? Es-tu encore dans le foot ?

Non car j’ai construit ma maison et j’ai eu un enfant qui a trois ans désormais. On vient d’emménager au mois de janvier. Je vais peut-être reprendre une licence en début de saison prochaine en vétéran à l’Asdam. Mais ma décision n’est pas encore prise. En tout cas, je ne suis pas prêt à reprendre un poste d’entraîneur pour l’instant (rires). Sinon, je continue de suivre les résultats du club et j’ai souvent les anciens (Bruno, P’tit Claude…) au téléphone. Ils me parlent de la très bonne saison en cours (sourire). Le club bouge, c’est bien. ■